
La semaine de mon arrivée en mars, il a neigé. Six mois comme volontaire à Taraloka, une grande organisation, pas mal d'économies, l'aide de la sangha et de mes amis, et un saut vers l'inconnu, ou presque (je n'étais venu ici que deux fois, il y a plus de dix ans...). La communauté qui s'occupe du centre de retraite est formée en ce moment de 10 femmes, dont trois membres de l'Ordre. Je suis la seule à être là pour une durée limitée, toutes les autres sont là à long terme. Notre rythme de vie est cadencée par la pratique ensemble, le travail, et par la succession des retraites, quasiment en continuité, avec une grosse journée de ménage le vendredi, jour généralement où une retraite finit en fin de matinée, et où nous accueillons à partir de 16h les nouveaux retraitants.
Mon travail est assez varié, beaucoup de ménage, de tri des déchets, un peu de cuisine pour le centre de retraite, j'ai aussi fait de la peinture, du ponçage, et depuis les beaux jours, je passe pas mal de temps sur le tracteur tondeuse et avec un râteau à la main. Je dois dire que le rythme de vie par rapport à mon travail de bureau est radicalement différent, et plus engagé physiquement !
Nous nous retrouvons chaque matin pour méditer à 7h puis la journée de travail commence par un partage à 9h dans le salon. Je dois dire que c'est un moment intense de la journée, où chacune partageons nos émotions, nos tristesses, nos peurs, et j'ai pris conscience que c'était le coeur de la construction de notre petite sangha. Ensuite la journée de travail se déroule avec pour chacune des tâches différentes, assez souvent en solitaire, de même pour le repas de midi qui est pris pour chacune à des moments différents. Nous nous retrouvons en revanche toute pour le repas du soir, qui est le deuxième moment de partage, cette fois plus informel et joyeux, de la journée. Les soirs sont généralement libres et le plus souvent chacune vaque à ses activités de son côté. Nous avons cependant une soirée de communauté le mercredi soir (les activités sont variées, depuis un atelier de chant de mantra, une puja, ou aller pic-niquer au lac ou bien encore aller au ciné ou fêter un anniversaire...), une soirée d'étude le jeudi soir et pour les mitra une soirée de partage le dimanche soir.
J'ai des jours de congés dans la semaine et des vacances, je vais faire deux retraites d'une semaine (à Vajraloka, que je ne connaîs pas, et une ici, à Taraloka), mais j'ai aussi décidé de profiter de ma présence ici pour allez visiter des centres bouddhistes Triratna, il y en a partout ici ! Le plus proche est celui de Shrewsbury où je suis allez plusieurs fois, pour une cérémonie de mitra, une matinée ouverte d'enseignement ou encore pour la fête du Bouddha, où le groupe d'étude mitra avait préparé un projet collectif : une performance théâtrale participative sur l'attaque de Mara au moment de l'Eveil du Bouddha ! On a bien rit, je dois dire. Je pense que ce centre est à peu près de la taille de celui de Paris. J'ai aussi visité l'énorme centre de Manchester (un immeuble sur trois étages, en plein centre de la ville !) et j'ai programmé de visiter en juin celui de Shieffield. A chaque fois, je demande à être hébergée dans les communautés résidentielles de femmes qui, si elles ont de la place, sont ravies de m'accueillir. Je vois ainsi fonctionner d'autres communautés, certaines moins "puristes" que celle de Taraloka (dans l'une d'elle, j'ai passé une soirée à regarde le couronnement du roi à la télévision !). Je suis aussi allée à Adhisthana, où l'on peut rester comme invitée (soit en payant par nuitée, soit gratuitement si on prend part aux tâches journalières). Cet immense centre d'étude, de retraite, et maintenant de "pélerinage" (autour de l'appartement et de la tombe de Sangharakshita) est un endroit où l'on croise beaucoup de personnes, de tous les pays du monde. Il fonctionne aussi comme un centre "urbain", avec chaque mardi soir une soirée sangha pour les gens des villages voisins, avec une méditation, une pause thé et un enseignement du Dharma souvent par des membres de l'Ordre expérimentés résidents à Adhisthana ou dans les villages alentours.
Voilà pour un petit retour d'expérience et vous donner envie, je l'espère, d'un jour tenter l'aventure. Rencontrer le Mouvement Triratna, prendre conscience de son ampleur, de son histoire, de sa richesse, sera vraiment pour moi un moment important dans mon engagement.
Maintenant le printemps est là, et nos journées sont bien chargées, nous installons un immense chapiteau pour la tenue de grand rassemblement dans les semaines à venir, beaucoup de travail et d'herbe à tondre... J'y retourne !